Dans notre Occident chrétien, les croix étaient nombreuses et bien visibles. Marqueurs du christianisme, placées aux carrefours routiers et aussi forestiers, elles protégeaient les passants et les cultures. L’on se signait devant elles. Elles étaient autant de points de repère et de stations pour les fréquentes processions. Celles des Rogations, qui pendant trois jours successifs parcouraient le terroir dans le but de récolter de belles moissons ; ou d’autres qui cheminaient vers des lieux sacrés ou des sanctuaires du voisinage.
Effets de la déchristianisation, de l’urbanisation, du développement de la circulation, elles ont, à Montgeron du moins, toutes, disparu. Pour certaines, leurs noms ne survivent que dans la mémoire des historiens. Comme les croix Maître Simon (à l’actuel Réveil-Matin), Tirechappe (évocatrice de mauvaises rencontres), sur la grand-route au bas de la ville. Ou comme en forêt, la croix d’Aresne ou de la Reine, croix de fer démantelée en 1793, au niveau de l’actuel carrefour de Montgeron. D’autres ont survécu dans la toponymie locale : croix de Chalandray, de Saint-Marc (une rue perpétue le souvenir d’une croix protectrice des anciennes vignes), Croix-au-Coq, à la fourche des chemins qui conduisaient aux labours, le coq étant celui du reniement de saint Pierre. Elle fut érigée en un lieu déjà consacré par l’érection d’un menhir, appelé la Pierre-aux-Liards. Seule, mais hors de nos limites, la croix de Villeroy, pièce de ferronnerie sur socle de pierre locale, nous rappelle leur existence.
