Parcours patrimoine : Moulin de Senlis

Il a l’apparence d’un château médiéval, mais il s’agit pourtant bien d’un moulin à eau. Et son apparence actuelle ne date pas du Moyen-âge mais du début du XXe siècle.

Situé à l’emplacement d’un ancien gué sur la voie romaine entre Paris et Sens, ce moulin à eau fut très actif jusqu’au XIXe siècle. Ainsi, son porche, surmonté d’un arc brisé, agrémenté de blasons, de chimères et d’anges, fortifié d’une tour ronde au toit pointu, nous rappelle que le XIXe siècle aimait recréer le Moyen-Age à sa manière.

Autrefois, l’Yerres comptait plus d’une vingtaine de moulins sur ses berges dont les plus calmes étaient occupées par les moulins à farine. Certains de ces moulins sont encore présents aujourd’hui, ils ne sont plus en fonctionnement et ont tous été fortement remaniés.

A proximité du plateau céréalier de la Brie et du marché parisien, le moulin jouait alors comme les autres moulins de la vallée un rôle économique important. L’existence d’un moulin à cet emplacement est attesté dès la fin du XVe siècle. Jusqu’à la Révolution, le moulin appartient à différentes seigneuries des environs.

L’existence du Moulin de “Senlices” est mentionnée dans les textes anciens dès 1456. Cependant, les parties les plus anciennes de l’édifice actuel paraissent remonter au XVIIe siècle. Le Moulin de Senlis fait partie de ces très nombreux autres moulins qui se sont logiquement implantés le long du cours d’eau. La force de l’eau faisait alors tourner les roues à aubes pour moudre le blé.

L’implantation d’un tel élément à Montgeron s’explique par le fait qu’il fallait alimenter en farine l’énorme marché Parisien. Pendant plus de deux siècles, le Moulin de Senlis a prospéré.

En 1842, il passe aux mains des frères Tremblot, qui rénovent les vannes, ajoutent deux niveaux au moulin, puis deux roues supplémentaires. En 1866, ils remplacent les trois roues hydrauliques par une seule, plus puissante : signe que l’activité continue de croître. Face à la concurrence de la meunerie industrielle, notre moulin a donc su se moderniser, sans perdre pour autant sa beauté rustique.

Ce n’est qu’au début du XXe siècle que le Moulin de Senlis quitte sa vocation première pour devenir une belle demeure.

En 1902, l’architecte parisien Eugène Esnault-Pelterie transforme le bâtiment utilitaire en une fantaisie d’inspiration néo-gothique. Ce lieu de villégiature mondaine accueille notamment l’écrivain François Coppée, le compositeur Giacomo Puccini ou le caricaturiste Leonetto Cappiello. Le train de vie se réduit cependant en 1914, et la Grande Guerre marque la fin de cette époque brillante.

La veuve d’Esnault Peleterie revend la propriété en 1926.

D’autres propriétaires se succèdent entre 1927 et 1953, date à laquelle Sophie Michaïlovna Zernov, médecin russe, achète le domaine pour le compte d’une association russe. Cette association caritative, « Centre d’Aide », a été fondée dans les années 1920 pour venir en aide aux orphelins des pays de l’Est. L’intérieur de la tourelle du Moulin a été décoré dans les années 1960 de peintures réalisées par l’artiste Feodor Rojankovsky (1891-1970).

En 1957-58, une chapelle orthodoxe de style byzantin dédiée à Séraphin de Sarov est construite par l’association. Elle accueille une iconostase remarquable peinte par le père Grégoire Krug. Le domaine comprend alors également un internat et accueille des réfugiés politiques.

Des litiges internes à l’association apparaissent au milieu des années 2000, entraînant de nombreuses actions en justice. Dans ce contexte, la situation de l’association est fragilisée et les bâtiments souffrent d’un manque d’entretien grave. Des arrêtés d’insalubrité sont pris par l’Etat dès 2013. En juillet 2016, les bâtiments, toujours insalubres, sont évacués par l’Etat.

Le 4 mai 2018, la ville préempte le bien à l’issue de la vente aux enchères et en devient propriétaire.

Le 10 décembre 2018, le Préfet de Région inscrit le domaine au titre des Monuments Historiques. Cette protection concerne spécifiquement les façades et toitures du bâtiment principal, le portail d’entrée et la tourelle, l’église. Le Préfet de région a estimé que « le bâtiment abritant l’ancien moulin représente un témoignage exceptionnel du passé industriel de l’Essonne.».

Un projet de réhabilitation est en cours prévoyant des logements et des salles d’activités.

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