L’Yerres est une petite rivière bien alimentée par de grosses sources, dont les crues étaient redoutées (celle de 1910 est restée dans les mémoires), Montgeron étant particulièrement exposée par la proximité de la confluence entre la Seine et l’Yerres à Villeneuve-Saint-Georges.
Plusieurs moulins étaient autrefois implantés sur le cours de la rivière. Limite entre Crosne et Montgeron, la rivière en a longtemps restreint les échanges, le passage n’étant possible qu’au gué du moulin de Senlis. Lieu de vie traditionnel avec lavoirs, moulins et gués, source d’inspiration pour des artistes tels que le graveur Jules Michelin (1817-1870).
Venue de la Brie, cette petite rivière développe, avant sa confluence à Villeneuve-Saint-Georges, de larges méandres encaissés. Assez régulièrement alimentée par de grosses sources, ses colères n’en n’étaient pas moins redoutées, à cause surtout du reflux des eaux de crue de la Seine. L’historien Gatinot les avait recensées, mais l’on se souvient surtout des dernières : 1910, mémorable, et plus près de nous 1978 et 1983.
Le courant actionnait tout un chapelet de moulins à broyer les grains du plateau, ses ondes embellissaient les parcs des châteaux. Les prairies humides de Chalandray et de Montgeron parcourues de ruisselets étaient recherchées par les éleveurs. Les peintres se plaisaient à restituer les frondaisons d’une sylve très fournie, les photographes aussi.
La rivière borne les communes de Crosne et de Montgeron : elle fut un obstacle aux échanges, longtemps limités au gué de Senlis. La traversée de la vallée n’est insubmersible que depuis 1933 (actuelle avenue Foch).
Délaissée pendant un demi-siècle, elle était devenue un égoût à ciel ouvert. Des efforts financiers et d’importants travaux hydrauliques, conduits depuis 1952 par le syndicat intercommunal SVIARSG, fondé au départ pour l’assainissement, ont transformé la rivière et sa vallée, sécurisées à l’égard des inondations, appréciées de la population qui s’y adonne à ses loisirs. Le SyAGE l’a remise en valeur par un vaste programme d’aménagements visant à assainir les eaux, à lutter contre les inondations et à préserver la biodiversité. L’Yerres est devenue un lieu d’agrément et de promenade dans un environnement naturel riche et protégé. Le lien est ainsi renoué avec la Belle Époque, qui vantait « le spectacle gracieux des groupes (…) goûtant sur l’herbe (…) » et appréciait le « repos fortifiant pour le corps, (…) le régal charmant pour l’esprit ».
Le lavoir 
Le Gué du Moulin de Senlis
Les lavoirs
C’est au milieu du XIXe siècle que la salubrité publique commence à préoccuper les édiles. En 1848, l’adjoint Charles de Bez, au travers de sa Société philanthropique, finance la construction d’un lavoir sur l’île Amère (où se trouve l’actuel centre équestre). Un plan communal de 1888 et les cartes postales de la Belle Époque montrent qu’il y avait sur l’Yerres deux autres lavoirs publics, l’un au pied du chemin de Crèvecoeur et l’autre près de la passerelle du moulin de Senlis. Jusque vers 1910, l’entretien de ces lavoirs et des chemins qui y conduisent reste un souci constant de la municipalité.
Parallèlement, on lutte contre les « miasmes » porteurs de maladie en nettoyant les caniveaux et en arrosant les rues. En 1865, la volonté d’améliorer l’hygiène et l’accès des habitants à l’eau potable conduit la commune à signer un accord avec la Société des Eaux de Seine, qui prévoit l’installation de huit bornes-fontaines et de dix-huit bouches destinées à l’arrosage et à la lutte contre les incendies. L’édification de la fontaine des Trois Grâces, en 1875, s’inscrit dans ce mouvement, non sans une certaine monumentalité.
Au début des années 1920, alors que se multiplient les quartiers neufs, la Lyonnaise des Eaux succède à la Compagnie des Eaux de Seine et assure l’équipement de toute la commune en branchements privés. En 1936, la généralisation de l’eau courante chez les particuliers permet de supprimer les fontaines publiques. R.A.
